Saviez-vous que ces deux poètes avaient connu une relation plutôt houleuse ? Et c'est peu dire...
Roger(S) : Salut vous deux ! Alors, qui se présente en premier ?
Paul : Moi ! Je m’appelle Paul Verlaine et je suis né en 1844. Je suis poète.
Arthur : Excusez Paul pour sa frontalité… Bon, moi c’est Arthur Rimbaud, né en 1854. Poète également.
Roger(S) : Deux poètes pour le prix d'un, quelle chance ! Deux Parisiens ça aurait été le jackpot mais selon nos souvenirs, ce n'est pas le cas...
Paul : Je suis… oh… Arthur ne parle pas en même temps que moi s’il te plaît. Bon, je ne suis pas né à Paris mais à Metz. Un gros regret d’ailleurs j’aurais adoré être parisien… néanmoins, j’ai passé pas mal de temps à Paris puisque j’y ai fait mes études.
Arthur : Moi, si j’ai le droit de parler, je suis né à Charleville-Mézières, dans l’Est aussi du coup. J’ai toujours eu cette forte attraction pour la capitale. Tellement, que j’essayais par tous les moyens d’y aller. J’ai même fait de la prison pour venir à Paris, en arrivant sans un sou à Gare du Nord. Si ça, ça ne prouve pas que je l’aime… rien ne le fera.
On vivait une vie à 100 à l’heure, on buvait, on se droguait, c’était la vraie passion. On est tombés amoureux.
Roger(S) : Ah oui, ça c'est une vraie déclaration d'amour à Paris ! Et dans quels coins vous trainiez précisément ?
Paul : Perso, j’aimais beaucoup les salons et les cafés littéraires de Paris, c’était notre petit plaisir avec Arthur, surtout dans ceux du quartier Latin. Après, Arthur n’est pas resté longtemps à Paris. Moi, je trainais pas mal autour du lycée Bonaparte, apparemment il s’appelle Condorcet maintenant. Ah et aussi dans le 9e arrondissement, parce que c’est là-bas que je travaillais.
Arthur : Oui, voilà… il a tout dit...
Roger(S) : Une question nous turlupine depuis le début de cette interview… Il est clair qu’il y a une tension entre vous. C’est quoi votre relation ? Arthur, tu as peu parlé, tu as l’air d’en avoir gros sur la patate.
Arthur : Ah enfin on y vient ! Vous faites bien de poser la question. Figurez-vous que notre histoire avait vraiment bien commencé. On s’est rencontrés à Arras et on a eu un coup de cœur artistique l’un pour l’autre. On s’entendait très bien, on écrivait sans cesse ensemble, tout allait bien sous le soleil quoi. Après ça s’est gâté… On vivait une vie à 100 à l’heure, on buvait, on se droguait, c’était la vraie passion. Tellement passionnel qu’on est tombés amoureux. Paul avait une femme donc vous imaginez le bazar... J’ai quand même réussi à convaincre Paul de me rejoindre à Bruxelles et de plaquer son ancienne vie. J’étais le plus heureux…
Roger(S) : C'est plutôt une belle histoire finalement...
Paul : Non, en réalité pas du tout. J’ai tout quitté pour lui. Ma vie a changé du tout au tout. Je ne voyais plus clair. Tu dis avoir été heureux Arthur… Mais nous avions tout sauf une relation saine. Tu étais ivre à longueur de journée, tu me maltraitais. Je ne méritais pas ça.
Arthur : Quelle audace ! Qui m’a tiré dessus et envoyé à l’hôpital ?
Paul : Tu menaçais de me quitter, j’étais à bout !
Arthur : Bref, nous ne nous parlons plus depuis… On fait une exception pour vous.
Roger(S) : Ah oui… Bon, nous allons essayer de détendre l’atmosphère… Vous avez dit être poètes ! Quels sont les travaux dont vous êtes les plus fiers ?
Paul : Pour ma part j’ai adoré écrire mon recueil Poèmes Saturniens ou encore Romance sans paroles.
Arthur : Moi niveau recueil je dirais Les Illuminations ou Une saison en enfer. Après, des poèmes j’en ai écrit aux alentours de 70 donc compliqué de choisir.
Paul : Nous avons oublié de parler de nos lettres Arthur… j’ai beaucoup aimé les écrire et les recevoir je l’avoue.
Roger(S) : Ah vous voyez, il y a toujours du positif dans toute situation. En tout cas, merci d'avoir fait l'effort de vous réunir pour cette interview en couple.
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