Saviez-vous que la vieille commode démodée de mamie pouvait se trouver une place au musée ?
Du 9 au 21 juin 2022
Une exposition qui nait sur les trottoirs parisiens, ça ne court pas les rues. C’est pourtant le cas de cette exposition de mobilier ancien customisé par des artistes contemporains.
En effet, en tombant sur une commode Louis XVI sans valeur historique abandonnée dans la rue et attendant d’être récupérée par les encombrants, le commissaire de l’exposition fait ce triste constat : personne ne veut hériter des meubles anciens de belle-maman ou tonton Jacquot.
Pourtant ces meubles modestes pourraient avoir un fort impact écologique s’ils étaient réutilisés puisque les remplacer par du neuf implique de couper des arbres ou de polluer les rivières italiennes pour produire du marbre. Souvent robustes, on ne leur reproche que leur style un peu « vieillot ». Et nous ne sommes pas les seuls à le penser, même le spécialiste du style « Empire » admet que ces meubles sont démodés.
Bref, constater c’est bien, agir c’est mieux. Et cette exposition vient parfaitement répondre à cette problématique en réhabilitant et en transformant une sélection de meubles du Mobilier National qui devaient sortir des collections et être vendus.
En effet le Mobilier National est une institution créée à l’origine par Louis XIV, rien que ça, qui remplit aujourd’hui trois missions : meubler les bâtiments officiels de la République, assurer la conservation de la collection et promouvoir la création contemporaine. Et ce sont ces deux dernières missions qui rentrent en jeu dans cette exposition.
En effet, plutôt que de jeter ou vendre des meubles encombrant les réserves alors qu’ils n’ont pas d’intérêt historique, l’institution a filé une enveloppe équivalente à 32 créateurs contemporains, quelle que soit leur renommée, pour qu’ils les réinventent.
Pour cette première édition on retrouve des lampes, des tables ou des commodes, toutes plus modernes les unes que les autres. Parmi les pièces qui ont retenu notre attention, citons un paravent déshabillé de son velours et gravé par la street-artiste Madame ou encore une armoire des souvenirs de famille abritant une pie, symbole mythologique du secret.
On découvre également deux chaises dignes des services secrets. Recouvertes de tweed, leurs losanges aux côtés plus ou moins longs écrivent le texte des Droits de l’Homme en morse. Bon, c’est ce que l’artiste affirme en tout cas, nous on ne sait même pas écrire SOS en morse, alors en morse sur tweed…
S’il fait partie des rares meubles ayant perdu leur utilité après le passage de l’artiste, le lampadaire revu par Sheila Hicks est l’une des perles de l’exposition. En effet, cette maîtresse du fil a été exposée dans le monde entier et notamment au Centre Pompidou. Son œuvre ressemble au Monument Balzac de Rodin selon le commissaire, elle en a donc pris le nom. Bon, vu la statue en question, nous ne sommes pas sûrs que ce soit un compliment…
L’exposition dure malheureusement très peu de temps. Si vous n’avez pas le temps de la visiter, pas de panique le Mobilier National pourrait bien renouveler l’expérience dans de prochaines éditions. Avec plus de 180 000 meubles dans sa collection, dont quelques trésors mais aussi de nombreuses pièces sans intérêt, il y a en effet de quoi faire…
Le truc en plus :
Ne manquez pas les commodes situées en haut du grand escalier. Celles-ci ne sont pas seulement modernisées, elles transmettent un message. En effet, l’une est customisée dans un style fleuri et l’autre semble couverte de mécanos, les ancêtres de LEGO. Elles sont remplies de jouets correspondant aux préjugés genrés que les parents projettent sur leurs enfants : des poupées côté filles et des armes côté garçon. N’hésitez pas à tirer les tiroirs, les artistes ont volontairement laissé quelques « intrus » pour questionner le genre du jouet.
Galerie des Gobelins
42, Avenue des Gobelins, 75013 Paris
Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Fermé le lundi
Entrée libre
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