Saviez-vous que vous pouviez commencer une carrière à 80 ans ? Comme quoi, il n’est jamais trop tard…
Du 3 juillet au 6 novembre 2022
Si vous êtes du genre à vous laisser aller à la contemplation, sans avoir besoin de lire d’explications sur les œuvres, cette exposition est faite pour vous. En effet, les œuvres monumentales et colorées présentées peuvent tout à fait être appréciées telles quel, sans aucune connaissance sur l’artiste et son histoire.
Bon, on ne vous cache pas que ça ne nous arrange pas trop, car on avait quand même prévu de vous en parler… Alors ceux qui aiment tout de même avoir quelques éléments de contexte, vous pouvez continuer la lecture, et les autres, si vous pouviez faire semblant, ce serait sympa.
L’artiste mise à l’honneur est Sally Gabori, une véritable star en Australie mais une totale inconnue en France. Même la fondation le reconnaît… Il faut dire que c’est la première fois que ses œuvres viennent jusqu’en Europe. Pourtant son travail mérite d’être connu à bien des égards. Nous avons noté au moins 3 excellentes raisons d’apprendre à connaître Sally Gabori.
Raison n°1 : Elle invente l’après-retraite
En France, on se bat pour ne pas passer l’âge de la retraite à 65 ans. Sally, elle, commence sa vraie carrière à 80 ans. En effet, ce n’est qu’en 2005 qu’elle se met à la peinture. Des débuts tardifs qui ne l’empêcheront pas de réaliser plus de 2000 toiles jusqu’à sa mort en 2015, soit environ une toile par jour. Plutôt productive pour une retraitée…
Raison n°2 : Elle révolutionne nos préjugés sur l’Art aborigène
Si la Fondation Cartier a mis un point d’honneur à ne pas présenter Sally Gabori comme une artiste aborigène regardée d’un point de vue européen, ce qui est très réussi, elle n’en est pas moins issue du peuple Kaiadilt. Pour autant, l’art pictural n’était absolument pas pratiqué dans cette culture. Elle a donc pu forger son propre style, assez proche de l’Expressionnisme abstrait avec des aplats de couleurs plein d’émotions, bien loin de ce que l’on voit de l’Art aborigène au Musée du Quai Branly.
Raison n°3 : Elle raconte des histoires dignes du Père Castor
A part la salle sur la droite, dédiée aux travaux collaboratifs réalisés notamment avec ses filles, les œuvres de Sally présentées dans l’exposition se consacrent à trois lieux intimement liés à son histoire. En effet, on retrouve le lieu de naissance de son père dans la salle de gauche. Au sous-sol, on découvre un lieu lié à son mari et au mythe qui raconte qu’un poisson aurait détaché l’île Bentinck du reste du continent. Plutôt costauds les poissons australiens… L’exposition y présente également un lieu lié à la réappropriation des terres et les premiers campements Kaiadilt.
Le truc en plus :
Force est de reconnaître que nous connaissons assez peu l’histoire des peuples aborigènes d’Australie. Les Kaiadilt ont pourtant une culture très intéressante. N’ayant eu de contacts avec les Européens que tardivement, Sally Gabori vivra 24 ans immergée dans une culture traditionnelle. On apprend par exemple que son frère, ancien chef de leur groupe, a été tué par son futur mari qui prendra sa place de chef avant d’épouser Sally. Bon, a priori ça se faisait là-bas…
Elle et son peuple seront contraints de rejoindre une mission d’évangélisation après un cyclone dévastateur. Les enfants sont isolés dans des dortoirs, leur langue est interdite, on lui donne arbitrairement le nom de Sally au lieu de Mirdidingkingathi Juwarnda… Bref, l’accueil est au top. Sally raconte son traumatisme à travers ses peintures.
Pour en savoir plus sur cette culture, ne manquez pas l’incroyable site réalisé par la Fondation Cartier en parallèle de l’expo Sally Gabori.
Fondation Cartier pour l’Art contemporain
261 Bd Raspail, 75014 Paris
Du mardi au dimanche de 11h à 20h
Nocturne le mardi jusqu’à 22h
Fermé le lundi
Entrée : 11€ - tarif réduit : 7,50€ - gratuit -18 ans
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