Saviez-vous qu’au XVIIème siècle, il fallait choisir son camp entre Rubens et Poussin ?
Bizarrement, ou pas, on parle assez peu de gangs lorsque l’on aborde l’histoire de l’Art. C’est d’ailleurs bien dommage, car un peu d’action ne fait jamais de mal pour capter l’attention.
C’est d’autant plus dommage qu’il existe bien deux gangs rivaux très importants qui ont marqué l’histoire de la peinture en France : les poussinistes et les rubénistes. Ces deux bandes opposaient les adeptes de Nicolas Poussin à ceux de Paul Rubens.
Pour ceux qui n’ont jamais eu la chance de les rencontrer, c’est-à-dire 100% d’entre nous à priori, précisons qu’il s’agit de deux des plus grands peintres du XVIIème siècle. Sauf qu’à l’époque, on aimait soit l’un, soit l’autre.
Si le premier est Français et le second Flamand, la traditionnelle rivalité France-Belgique n’a rien à voir avec la formation de deux clans. Ici, ce sont deux visions différentes de la peinture qui s’opposent.
D’un côté, Poussin et ses adeptes donnent plus d’importance au dessin et à la précision des contours. Les poussinistes travaillent davantage la composition de leur toile, c’est-à-dire la façon dont les personnages sont placés pour former un effet de triangle ou une ligne diagonale qui dirigent notre regard. Dans cette équipe, on retrouve Poussin, logique, Charles Le Brun ou Sébastien Bourdon, avec Raphael comme modèle.
De l’autre côté, Rubens et sa bande donnent plus d’importance à la couleur. La composition du tableau n’est pas soulignée par les contours des personnages, mais par les effets de clair-obscur apportés par les touches de couleurs et les ombres qui attirent notre œil. Dans ce groupe, on retrouve Rubens, évidemment, Antoine Watteau, François Boucher ou Jean-Honoré Fragonard avec Titien comme modèle.
Les experts ont tendance à dire que les poussinistes livrent des toiles plus réalistes alors que les rubénistes peignent des toiles plus sensibles. Après plus de 40 ans de débats, l’Académie royale de peinture penchera en faveur des rubénistes en 1717 en acceptant le peintre Antoine Watteau et sa toile Pèlerinage à l’île de Cythère.
Quoi qu’il en soit, ne faites pas imprimer votre maillot d’équipe trop vite. Aujourd’hui on considère que les peintres de ces deux équipes sont des maîtres, chacun dans leur style.