Quand ?
Depuis que la photographie existe. Enfin, plus ou moins…
Où ?
Partout
Qui ?
Atget, Walker Evans, Martin Parr, vous, nous, tout le monde en fait…
Quoi ?
Pour simplifier les choses, la photographie vernaculaire regroupe l’ensemble des photos qui ont une utilité sans lien avec l’art. Mais si on s’arrête là, ce n’est pas de l’art et il n’y a pas de raison d’en parler ici… Du coup on va quand même aller un peu plus loin...
On pourrait commencer par vous expliquer que ce mot vient du latin « verna » qui signifie l’esclave né à la maison, en opposition à celui que l’on achetait, et qu’il fait donc référence à une photographie « faite maison ». Mais ça nous semblerait un peu trop tiré par les cheveux comme introduction, en plus on est déjà à la moitié de l’article donc ça ferait une intro un peu tardive…
En fait, on parle ici de photo utilitaire, c’est-à-dire prise pour un objectif précis, qu’il soit documentaire, scientifique, que ce soit pour dresser un PV ou garder un souvenir de vacances, et qui n’a pas d’intention artistique. Le sujet est souvent lié à la vie de tous les jours, en dehors de ce qui est admis comme digne d’intérêt par le monde culturel institutionnel. Bon, mais si la sphère artistique dit que ce n’est pas intéressant, pourquoi s’embêter à en parler ?
Déjà, la photo vernaculaire a beau être fortement dépréciée, elle représente finalement la part la plus importante de la photographie, quantitativement parlant. C’est un peu la vieille rengaine de la tension entre photographes professionnels et amateurs armés de smartphones…
Ensuite, ce n’est pas parce que cette photographie n’a pas de volonté artistique qu’elle n’a pas de qualités esthétiques. Ces photos peuvent se révéler aussi puissantes et poétiques que des photographies artistiques. Certains photographes professionnels reconnus comme Walker Evans ou Martin Parr sont des spécialistes de cette pratique et leurs clichés sont bel et bien exposés dans les musées.
Et puis, une photo ne passe d’utilitaire à vernaculaire que lorsqu’elle perd son utilité. En gros, la photo de votre accident de voiture dans votre dossier d’assurance est utilitaire, mais si on la sort de ce contexte et qu’on l’expose à côté d’autres photos de voitures par exemple, celle-ci perd son utilité initiale et devient vernaculaire. C’est donc en s’y intéressant pour des raisons autres que sa raison d’être que l’on fait de ce cliché une potentielle œuvre d’art. Un peu comme Duchamp et son « Ready-made » qui faisait d’un urinoir une œuvre rien qu’en le signant et en l’exposant.
Combien ?
Là, on tombe un peu sur un os. Il est difficile de donner une cote puisque ces photos ne sont pas nécessairement des œuvres d’art. Ce que l’on peut vous dire, c’est que pour certains clichés à tirage limité d’artistes tels que Martin Parr, vous pouvez retrouver des prix relativement abordables allant de 100 à 800€ selon la taille de la photo.
Le saviez-vous ?
La photographie est un medium qui a eu du mal à se trouver une place dans les musées. En effet, un cliché pris à la va-vite ne correspond pas spontanément à la définition d’une œuvre d’art. Évidemment, il y a photo et photo d’art, tirée en exemplaires limités, c’est ce qui lui a permis de se faire une place aux côtés des œuvres plus classiques que constituent la peinture et la sculpture, mais la photographie reste un art un peu à part dans le monde des musées.
Copyrights :
Cliché de Martin Parr - Martin Parr / Magnum Photos – Kamel Mennour DR
Burroughs Family, Alabama, Walker Evans, 1936 - DR
Le Louvre, Salle de La Joconde, Martin Parr - Martin Parr / Magnum Photos DR
Urinoirs, Charles Marville, Musée Carnavalet/Roger-Viollet