Découvrez le top des œuvres artistiques faites de vent et d’air. Une matière première pas trop chère…
Vous ne le savez peut-être pas mais l’air est un outil parfait pour la création artistique. Déjà, ça ne fait pas de tâche quand on déborde, contrairement à la peinture. Ensuite l’œuvre finale pèse un peu moins lourd qu’une sculpture en bronze. Et enfin, c’est un peu moins cher que l’or des toilettes dorées de Cattelan par exemple…
Bon, on entend déjà les mauvaises langues râler : « L’Art contemporain c’est que du vent, ce n’est pas nouveau ». Bon, pour une fois on ne peut pas complètement leur donner tort puisque nous nous intéressons ici aux œuvres d’art faites d’air, de vent, bref de vide.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces œuvres n’en sont pas moins intéressantes. Si elles jouent avec les limites de la provocation, elles véhiculent souvent un message profond. Ou pas… Pour certaines il faut bien reconnaître qu’il y a de quoi se demander si l’artiste ne se moque pas un peu de nous…
#5 Les sculptures gazeuses de Fujiko Navaka
L’artiste japonaise est généralement reconnue comme la première à lancer les sculptures gazeuses. Elle installe un dispositif de tuyauterie qui crée un brouillard très fin donc la forme est modifiée en permanence par les courants d’air. En gros elle s’occupe de la plomberie et le vent se charge du reste. Exposées au Musée Guggenheim de Bilbao, à Paris pour Les Extatiques ou encore à l’exposition universelle d’Osaka en 1970, ses œuvres renferment une poésie indéniable.
#4 L’expo vide et la Sculpture aérostatique de Klein
En 1957, Yves Klein, l’un des pères du Nouveau réalisme qui rompt avec les codes classiques de l’Art, présente une double exposition à Paris. L’une d’elle est la première « exposition vide » de l’artiste. Il s’agit d’une salle vierge, complètement vide. Logique… Cette expo a pour but d’exposer le fait d’exposer. Ne nous demandez pas pourquoi…
Pour célébrer son vernissage en grande pompe, ben oui même une expo vide ça se fête, il organise un lâcher de 1001 ballons bleus gonflés à l’hélium. Loin d’être un simple spectacle, ce moment sera qualifié de Sculpture aérostatique pas l’artiste. Bon, cette œuvre n’est pas très facile à acheter du coup, à moins que Thomas Pesquet ne soit tombé sur un ballon qui traine dans l’espace…
#3 L’Air de Paris de Duchamp
Paris a plutôt bonne réputation pour sa vie culturelle, son architecture, ses restaurants, et beaucoup d’autres choses… Mais aussi chauvins que soient les Parisiens, il y en a peu qui oseraient vanter les mérites de l’air de la capitale… Il faut croire que les choses étaient différentes dans les années 50. En effet, Marcel Duchamp qui doit offrir un cadeau à Arensberg, son ami fortuné qui possède déjà tout, décide de lui rapporter une ampoule d’Air de Paris. L’artiste demande à un pharmacien de vider une ampoule en verre de sérum physiologique et de la sceller avant d’offrir ce Readymade à son ami.
Cette œuvre vide et aujourd’hui dans les collections du Centre Pompidou représente l’aspect immatériel de l’art.
#2 L’air en boîte
Si la pollution de l’air parisien n’est plus à démontrer, certains semblent s’en amuser. En effet, des boîtes de conserve en fer indiquant « Air de Paris, composition: azote, hydrogène, oxygène, agents polluants » sont en vente sur plusieurs sites d’enchères et de ventes d’objets d’art. Bon, le tarif n’excède jamais les 30€ mais à ce prix-là nous on préfère avoir quelques sardines dans la boîte…
Adepte du filon et d’un humour aussi douteux que le nôtre, Antoine Deblay a lancé un site de vente de boîtes d’Air de Montcuq. S’il ne s’agit pas vraiment d’œuvres d’art, l’anecdote nous semblait intéressante à vous raconter, d’autant plus que l’idée lui a rapporté au moins 15 000 euros de chiffre d’affaires…
#1 L’œuvre inexistante de Salvatore Garau
Si certains artistes s’embêtent avec des installations ou des contenants, Garau ne fait pas les choses à moitié. Ben oui, quitte à vendre du vent, autant y aller franchement. Il vend ainsi sa sculpture Io sono, "je suis" pour les moins bilingues d’entre nous, pour 15 000 euros. Une sculpture totalement inexistante.
Concrètement, il s’agit d’une œuvre de 1,5 mètre carré constituée exclusivement de vide. Le collectionneur n’a donc eu aucun mal à transporter la sculpture inexistante chez lui. La seule chose qui lui a été remise est un document certifiant l’authenticité de l’œuvre.
L’artiste de 67 ans n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il avait exposé une autre œuvre invisible sur la place de la Scala à Milan : Bouddha en contemplation. Les passants ne pouvaient voir que le carré de ruban adhésif blanc au sol, délimitant l’air qui constitue cette sculpture. L’idée de Garau est que le vide n’est qu’un espace rempli d’énergies et que l’imagination peut le remplir. Ça reste quand même cher pour du vent et une leçon de philo…
Copyrights :
Sculpture gazeuse de Fujiko Navaka - DR
Sculpture aérostatique, action de Yves Klein reproduite à Paris en 2007 - DR
Air de Paris de Marcel Duchamp, 1919 / 1964 - Association Marcel Duchamp / Adagp, Paris – Service de la documentation photographique du MNAM – Centre Pompidou, MNAM-CCI/Dist. RMN-GP
Air de Montcuq - DR
Sculpture gazeuse de Fujiko Navaka aux Extatiques à La Défense - DR