Quand ?
A partir de 1885
Où ?
En France principalement
Qui ?
Le Douanier Rousseau, Séraphine Louis, Dominique Peyronnet, Louis Vivin, Séraphine de Senlis, André Bauchant, Camille Bombois…
Quoi ?
Nous serions tentés de dire très simplement que l’Art naïf est peint par instinct, de façon presque enfantine. Mais bon, ça ne nous aide pas franchement à en comprendre les spécificités.
C’est en 1886, au Salon des Artistes indépendants, que le Douanier Rousseau se fait remarquer pour la première fois. Il expose avec les impressionnistes et provoque l’hilarité générale. Pas cool… A l’époque, on raille sa naïveté, terme qui restera pour qualifier le courant dont il est l’un des représentants les plus connus. Vous l’aurez compris, son talent n’est pas franchement une évidence pour tout le monde...
Mais le Douanier Rousseau persiste. Il faut dire qu’il est plutôt sûr de lui, il se considère comme le plus grand peintre de son temps, rien que ça… En 1891, il attire l'oeil de Vallotton avec sa première peinture de jungle. Un style qui deviendra sa spécialité, faisant croire qu’il s’inspire de voyages exotiques alors qu’il se contentera de visites au Jardin des Plantes. Un petit malin… Autre signe de réussite, La Guerre, qu’il réalise en 1894, influencera fortement Picasso pour Guernica.
En 1928, Wilhelm Uhde, ne nous demandez pas qui c’est, on ne sait pas trop, organise la première exposition officiellement consacrée à l’Art naïf. Elle réunit des œuvres des cinq peintres dits du « Cœur Sacré », c’est-à-dire Le Douanier Rousseau, Camille Bombois, Louis Vivin, André Bauchant et Séraphine de Senlis. Oui car l’Art naïf ne tournait pas exclusivement autour des jungles imaginaires de Rousseau. Également appelés Primitifs modernes, en référence à l’Art primitif italien, avant l’invention de la perspective, les artistes naïfs n’ont pas fait d’études d’art et transgressent donc les règles des proportions.
Mais, si vous avez lu notre article sur l’Art brut, des artistes autodidactes qui ne respectent pas les règles, cela vous rappelle peut-être quelque chose. S’il n’est pas conforme aux normes académiques, l’Art naïf ne bascule pas non plus dans la recherche de l’abstrait tendance au début du XXème siècle. C’est un art spontané et ingénu dans lequel on retrouve le malaise recherché par les surréalistes et une touche d’humour, comme avec les baigneuses aux petits bras de Bauchant. Contrairement aux artistes de l’Art brut, les artistes naïfs sont en quête de reconnaissance. Aragon dira d’ailleurs : « Il serait naïf de croire cette peinture naïve ».
Combien ?
Même si ce mouvement n’a jamais atteint les côtes du Cubisme ou de l’Impressionnisme, Deux lions à l'affût dans la jungle de Rousseau s’est vendue pour 2,6 millions d’euros en 2016. Il faut dire que c’était l’événement, l’œuvre était restée roulée et oubliée de tous pendant plus de 30 ans…
Le saviez-vous ?
Marie-Laurencin, peinte par Rousseau, se verra d’ailleurs dire lorsqu’elle ne se reconnait pas que « Apollinaire est un grand poète, il lui faut une grosse muse ».
Copyrights :
La Guerre, Rousseau - RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Tony Querrec
Bouquet de feuilles, Louis – DR
Fillette à la poupée, Bombois, 1925- Collection particulière, Photo : Jean-Louis Losi - Adagp, Paris, 2019
Les Baigneuses, Bauchant, 1923 - Collection particulière Adagp, Paris, 2019
Deux lions à l'affût dans la jungle, Rousseau - Hôtel des ventes de Monte-Carlo
La muse inspirant le poète (portrait de Laurencin et Apollinaire), Rousseau, 1909 - DR