Quand ?
A partir de 1944
Où ?
Partout
Qui ?
Jean Dubuffet, Adolf Wölfi, Aloïse Corbaz, Augustin Lesage, Alfonso Osso…
Quoi ?
Si nous avions un humour douteux, nous dirions que l’Art brut se fait à coups de poings ou de marteaux. Mais comme ce n’est pas trop notre genre, nous allons plutôt dire qu’il s’agit d’œuvres de novices ou de fous. Il est « brut » car non formaté.
L’Art brut nait de façon officielle sous l’impulsion de Dubuffet qui critique l’inertie des avant-gardes du début du siècle : le Cubisme et le Surréalisme. C’est-à-dire qu’ils tournent en rond. Ce n’est pas nous qui le disons, c’est Dubuffet… La première exposition a lieu en 1944 mais il invente le terme en 1945 dans Honneur aux valeurs sauvages : « les productions d’art émanant de personnes étrangères aux milieux spécialisés et élaborées à l’abri de toute influence, de façon tout à fait spontanée et immédiate ».


Avec une création à l’état pur, sans mode et sans code, il entend bien innover et retrouver la provocation d’antan. Car l’Art brut, souvent résumé à l’art des fous ou des marginaux, est en fait un art hors cadre et hors normes, un art des autodidactes. Dubuffet disait d’ailleurs : « Je ne me considère pas comme un professionnel, je me considère comme un amateur. J’entends le rester ».
Cette vision du monde artistique renverse la hiérarchie habituelle entre Art primitif et Art occidental. Les "vrais" artistes ignorent les grandes règles et inventent leurs propres perspectives, sujets et techniques, sans se préoccuper de la beauté ou de plaire. C’est d’ailleurs là que se situe la principale différence avec les artistes naïfs qui, eux, transgressaient les règles en quête de reconnaissance. Dans l’Art brut, on fait de l’art sans réfléchir, sans but particulier. Bon, on ne vous cache pas que c’est comme ça que des artistes comme le Facteur Cheval se sont bâti un Palais Idéal dans lequel on ne peut même pas rentrer. Pas toujours malin…


Dubuffet était plein de contradictions sur le désir de reconnaissance. En effet, il n’y a pas d’œuvres mais des ouvrages, il n’y a pas d’artistes mais des hommes du commun qui travaillent pour eux-mêmes. Soit, mais il n’en était pas moins l’un des peintres les plus côtés de leur vivant. En gros il gagnait plein d’argent en vendant ses « non-œuvres ». Du coup il a quand même bien profité du système, tout en le critiquant. C’est très Français ça, non ?
L’Art brut évoluera ensuite vers l’Art singulier notamment représenté par Basquiat.
Combien ?
En 2015, Paris Polka de Dubuffet s’est vendue pour 22 millions d’euros, mais même de son vivant il avait vendu des toiles pour 10 millions. Assez exceptionnel pour un homme du commun…


Le saviez-vous ?
Les premières expositions d’œuvres de malades mentaux ont lieu dès 1900 à Londres et un Musée de la Folie ouvre ses portes en 1905 à Villejuif. Il a juste fallu attendre un peu pour que cela devienne un mouvement officiel…
Copyrights :
L'Esprit de la pyramide, Lesage, 1926 - Nicolas Dewitte / LaM - Adagp, Paris, 2020
Napoléon III à Cherbourg, Corbaz, 1952-1954 - Collection de l’Art Brut, Lausanne, Photo : Claude Bornand
La fondation Dubuffet à Périgny-sur-Yerres – LP/Jean-Baptiste Quentin DR
Palais idéal du Facteur Cheval – DR
Paris Polka, Dubuffet - Christie’s New York
Site avec trois personnages, Dubuffet, 1974 - Bâle, Fondation Beyeler