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L'interview de Jacques Mesrine

Saviez-vous que Mesrine s'était évadé à trois reprises ? Ça aurait pu être quatre s'il avait été arrêté de façon un poil moins "dynamique" et qu'il avait été mis en prison.

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On le reconnait à chaque fois. C'est grâce à ses lunettes de style "moche" - AFP

Roger(S) : Bonjour Jacques. Comme on ne voudrait pas faire d'erreur sur la prononciation de ton nom, on va te laisser te présenter.

Jacques : Moi c'est Jacques Mesrine. C'est vrai que les gens prononcent souvent le "s" mais ça n'a jamais été mon cas et ça a tendance à m'agacer cette erreur...


Roger(S) : Bon, on a bien fait de ne rien dire alors... Et sinon, tu es Parisien ?

Jacques : Oui, tout à fait, je suis né à Clichy et j'y ai grandi. J'ai aussi pas mal vécu au Québec mais je reste Parisien de coeur.


Roger(S) : Clichy et Paris, ce n'est pas tout à fait la même chose, sans vouloir t'offenser...

Jacques : Vous chipotez... A mon retour sur Paris, j'ai fait un petit braquage rue Bosquet, je me suis fait arrêter dans le 13ème et j'ai pas mal traîné dans le 18ème arrondissement jusqu'à la toute fin. C'est assez Parisien pour vous ou il faut que je m'énerve ?


J'avais quand même dit à Broussard : "Quand nous nous rencontrerons à nouveau, ce sera à celui qui tirera le premier".

Roger(S) : Oh, loin de nous l'envie de t'agacer, on sait trop bien ce que ça donne... T'as plutôt une réputation de "bad boy"...

Jacques : C'est vrai que j'étais quand même ennemi public numéro 1 dans les années 70. Et je n'en suis pas peu fier ! J'ai même écrit mon autobiographie, L'Instinct de mort, lors d'un de mes séjours en prison. Bon, il parait que j'y exagère un peu mes crimes, mais j'ai commis pas mal de braquages, kidnappings et de meurtres qui sont reconnus quand même.


Roger(S) : Personne ne nie ton côté bandit, ne t'en fais pas. Ceci dit, si tu as fait tant de séjours en prison, tu ne devais pas être si doué que ça, si ?

Jacques : C'est vrai que je me suis fait prendre pas mal de fois... Mais ma spécialité, c'était l'évasion de prison. Du coup, ça ne m'inquiétait pas trop. Jugez plutôt : en 1972, évasion de la prison Saint-Vincent de Paul au Quebec. En 1973, évasion lors de mon procès au tribunal de Compiègne avant d’être repris la même année par le fameux commissaire Broussard. Cette arrestation est restée célèbre, tant je l'avais mise en scène. Je suis sorti le cigare aux lèvres et le champagne à la main... En 1978, je m’évade de la prison de la Santé, du solide quand même. C'est ça qui a fait de moi une légende.


Roger(S) : C'est vrai qu'un grand nombre de reportages te sont consacrés. Il y a même un film sur toi en deux parties.

Jacques : Oui, c'est d'ailleurs Vincent Cassel qui joue mon rôle. Plutôt flatteur... En même temps, son côté charmeur me correspond bien, j'ai moi-même eu mon petit succès. Bon, c'est vrai que Maria de la Soledad a demandé le divorce en larguant nos trois enfants à mes parents... Mais j'ai sincèrement aimé ma complice Sylvia Jeanjacquot, à ma façon... Je lui ai quand même laissé une cassette audio à écouter à ma mort. Comme quoi, je l'avais quand même un peu vue venir.


Roger(S) : C'est vrai que tu semblais prêt. Comment ça s'est passé ?

Jacques : C'était Porte de Clignancourt, l'opération était organisée par la BRI. Ils m'ont chopé au volant de ma caisse avec Sylvia à mes côtés. Ils disent que j'ai essayé d'attraper une arme et qu'ils étaient obligés de me descendre. Certains témoins disent que les policiers n'ont pas fait de sommation et remettent en cause la théorie de la légitime défense. Bon... J'avais quand même dit à Broussard : "Quand nous nous rencontrerons à nouveau, ce sera à celui qui tirera le premier". Du coup, je peux comprendre...

Roger(S) : Difficile d'avoir un avis, effectivement. Quoiqu'il en soit, merci pour cet entretien, et puis merci de ne pas avoir sorti ton flingue aujourd'hui...




Retrouvez les lieux qui gardent sa mémoire. Notons que comme d’habitude dans ce cas de figure, vous pouvez tenter de négocier les prix du m2 des logements où il a habité, on ne sait jamais…


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