Saviez-vous que si Instragram avait existé au XIXème siècle, Atget aurait eu des millions de followers ? Il faut dire qu'à l'époque il était quasi tout seul et que ses photos sont quand même mythiques...
Roger(S) : Salut Eugène ! Présente-toi un peu veux-tu.
E. Atget : Alors je m’appelle Jean Eugène Auguste Atget, Atget pour les intimes. Je suis photographe.
Roger(S) : Photographe ! Super, et tu viens d’où ? Parisien ou pas Parisien ?
E. Atget : Je suis au regret de vous annoncer que non, je ne suis pas Parisien… Je viens du Sud-Ouest à l’origine, je suis né à Libourne le 12 février 1857. J’ai aussi vécu une partie de mon enfance à Bordeaux avec mes grands-parents. Mais ne vous méprenez pas ! J’ai bien vécu à Paris pendant un temps.
Roger(S) : Ah tu nous rassures… donc pendant ces années à Paris, tu traînais dans quels coins ?
E. Atget : Pendant ma carrière, j’ai trainé dans pas mal de quartiers sympas à Paris. Ma dernière série de photos Topographie du Vieux Paris m’a fait déambuler dans tous les recoins de la capitale. Il me fallait des clichés variés pour les fichiers topographiques de la Bibliothèque historique de la ville. J’ai arpenté en particulier le quartier Montparnasse, puisque c’est là que j’avais mon atelier. Ah oui et quand j’étais plus jeune je trainais autour du Conservatoire de Paris. J’essayais d’y entrer à l’époque…
Roger(S) : Ah, tu essayais... Les études ne t'ont pas trop réussi ?
E. Atget : Alors là… je dois avouer que non. J’ai essayé les études secondaires mais ce n’était clairement pas pour moi, j’ai préféré faire garçon de cabine sur un paquebot. J’ai fait ça de mes 18 à mes 20 ans. Après cette expérience, ma foi enrichissante, je suis allé à Paris. J’ai tenté de me ranger en allant m’inscrire au Conservatoire pour faire du théâtre, mais ça n’a pas marché. J’ai retenté plus tard avec succès, mais bon, c’était en même temps que mon service militaire, donc incompatible… Dommage. Et comme si on ne pouvait pas faire plus poissard, après quinze années en tant qu’acteur, j’ai été victime d’une affection des cordes vocales. Chose qui a définitivement enterré ma carrière...
Roger(S) : Effectivement… pas exactement le parcours idéal. Mais bon toutes tes expériences ont dû te faire rencontrer pas mal de monde non ?
E. Atget : Effectivement. Bizarrement mes premiers amis étaient des américains. Bérénice Abbott et Man Ray, des collègues photographes qui ont acheté certaines de mes œuvres vers 1921 et qui ont participé à mon succès. Ça ce sont de vrais potes. J’ai aussi sympathisé avec Georges Braque, André Derain ou encore André Dunoyer. J’ai tellement gambadé que j’ai noué des amitiés assez variées finalement…
Roger(S) : Eh bien ! Ton entourage compte pas mal de stars… ça devait aller financièrement non ?
E. Atget : Figure-toi que pas du tout. Malgré mes amis qui achetaient quelques-unes de mes œuvres ce n’était pas la folie… J’ai fourni beaucoup de travail et d’efforts mais ça n’a pas vraiment payé, en tout cas de mon vivant… La célébrité est arrivée un peu trop tardivement.
Roger(S) : Nous devons avouer qu'encore aujourd'hui, tout le monde ne connait pas ton oeuvre... Tu as pourtant accompli de grandes choses.
E. Atget : Oui, tout à fait. Ma plus grande fierté c’est d’avoir aidé tous ces artistes peintres, architectes, artisans et amoureux d’histoire à se documenter grâce à mes photos de Paris. Je suis aussi particulièrement fier d’avoir imposé ma vision de la photographie et d’être resté fidèle à moi-même. En fait, photographier Paris et en faire ma muse a été une fierté en soi. Ce n’est pas vous qui allez me contredire… Même si je suis mort dans la misère financière en 1927, c’était loin d’être la misère au niveau des expériences et des rencontres.
Roger(S) : On adore cet état d'esprit ! Merci d'être venu réaliser cette interview avec nous.
Découvrez l'endroit ou vivait Eugène Atget, tout près de Montparnasse.
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