Saviez-vous que Zola avait des tocs ? Il lui fallait sortir de chez lui du pied gauche et franchir les obstacles du pied droit...
Roger(S) : Salut Emile, tu t’appelles comment ?
Emile : Ben, Emile… Zola…
Roger(S) : Enchanté Emile. Alors comme ça tu es Italien ?
Emile : Plus ou moins. Mon père François est né à Venise mais moi je suis un vrai Parisien.
Roger(S) : C’est bien ça, nous, on adore les Parisiens. On doit être les seuls d’ailleurs…
Emile : Bon, je dois te faire quand même une confidence. Je suis né à Paris mais je l’ai quitté à l’âge de 3 ans pour suivre mon père. Il bossait dans le bâtiment et est parti travailler sur la construction du barrage Zola, euh, ben, j’ai presque peur de vous le dire, à Aix-en-Provence…
Roger(S) : Ouais d’accord tu es un Parisien du sud quoi… Emile: C’est vrai que je suis souvent associé à la Provence même si je suis né à Paris. J’ai vécu là-bas mes années de jeunesse… Remarquez, c’est plutôt une région agréable. Là-bas, il fait beau au moins… Et puis je m’y suis fait de vrais amis. On adorait refaire le monde avec Paul Cézanne, tu sais celui qui peint souvent des pommes et la montagne Sainte-Victoire…
Roger(S) : Oui on voit plutôt bien… Mais revenons au vrai sujet, Paris... Emile : Ne vous inquiétez pas, j’y suis revenu à l’âge de 18 ans avec ma mère. On s’est installés pas très loin du Panthéon. On a occupé pas mal d’appartements dans le coin. A l’époque ça n’était pas un quartier chic comme aujourd’hui et on ne roulait pas sur l’or. Après avoir raté mon bac, j’ai dû commencer à travailler pour aider ma mère. C’était à la librairie Hachette. J’y suis resté 4 ans et j’ai découvert ma vocation, écrire. Après je suis devenu critique littéraire puis journaliste politique.
La thèse de l'assassinat n'a jamais été totalement écartée...
Roger(S) : Comme ça tu étais journaliste ? Du coup, si tu peux parler de nous sur ton blog ça serait sympa.
Emile : Je ne vous promets rien, je ne suis pas très blog... Et puis je suis plutôt du genre journalisme "sérieux", sans vouloir juger votre travail... J'ai notamment publié un long plaidoyer dans L'Aurore lors de l'affaire Dreyfus.
Roger(S) : Ah oui, c'est vrai. Nous avons entendu dire que ça t'avait valu quelques soucis avec la justice d'ailleurs... Tu aurais donc un côté bad boy ?
Emile : Disons que je suis du genre engagé et que je n’aime pas l’injustice. Du coup, j’ai défendu le Capitaine en écrivant J'accuse et les autorités m’ont contraint à m’installer à Londres quelque temps… Et puis, en parallèle de mon activité de journaliste, je me suis mis à écrire et à décrire avec moult détails la société dans laquelle je vivais, ça aussi, ça me tenait bien occupé.
Roger(S) : Oui, on a lu tes bouquins et il faut avouer que tu n’es pas avare en détails… Disons que L'Assommoir porte bien son nom... Des oeuvres dont tu es particulièrement fier côté littérature ?
Emile : Oh, et bien... Je dirais Germinal, Au bonheur des dames ou La bête humaine. Mais c'est vrai que je me perds parfois dans les détails descriptifs... Après tout, c'est ce qui fait mon style.
Roger(S) : Tes descriptions de Paris sont d’ailleurs fascinantes. Un vrai connaisseur… Du coup, tu aimais aller où dans Paris ? Emile : Ben j’ai été un peu partout pour le boulot. Mais j’aimais bien les Batignolles où j’ai fini par m’installer. Avec mes potes Cézanne, Flaubert, Maupassant et Manet, on aimait bien aller du côté des quartiers à la mode vers les Grands Boulevards. Nos spots préférés étaient le café de bade et le restaurant Le Brébant. De très bonnes adresses.
Roger(S) : Ça c’était avant car aujourd’hui ça n’est plus très à la mode... Ton dernier séjour à Paris date un peu, non ?
Emile : Oh mais je suis sur Paris, je traine au Panthéon depuis 1902... Mais c'est vrai que je ne sort plus beaucoup depuis mes 62 ans. L'âge de ma mort en fait. Il faut dire que la thèse de l'assassinat n'a jamais été totalement écartée concernant cette intoxication au monoxyde de carbone. Les rues ne sont pas sûres pour un vieux journalistes engagés comme moi...
Roger(S) : Et puis c'est plutôt confortable le Panthéon... Merci pour cet échange Emile. Tu nous as donné envie de (re)lire tes bouquins. Enfin presque.
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