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L'interview de Voltaire

Saviez-vous que Voltaire avait été enterré clandestinement à l'Abbaye de Scellières ? Après ses écrits anti-cléricaux, l'Eglise l'aurait mis dans la fausse commune si son ami et son neveu ne l'avaient pas emmené à Troyes en cachette...

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Voltaire a passé sa vie "à envier les gens qui avaient des joues". Pourtant, ça lui va bien cet air malade... - DR

Roger(S) : Bonjour Voltaire ! Enfin, nous pouvons t'appeler Voltaire ? Il paraît que ce n'est pas vraiment ton petit nom... 

François-Marie : Salut vous deux, oh vous savez que tout le monde me connait sous le nom de Voltaire donc ça ira très bien. Bien vu cependant, mon vrai nom est François-Marie Arouet, je suis né en 1694 à Paris et je suis un écrivain et philosophe français. 

Roger(S) : Ah, un vrai Parisien pure souche. Nous t’aimons déjà. Dans quels quartiers tu traînais quand tu y étais. 

François-Marie : C’est drôle parce que j’ai envie de vous dire Bastille, mais j’avoue ne pas y avoir été de mon plein gré si vous voyez ce que je veux dire… J’ai fait un petit séjour en prison. Sinon je traînais pas mal dans le quartier Saint-Michel. Surtout à partir du moment où j’ai été élu à l’Académie Française. À part ça, je fréquentais beaucoup lesdits cafés d’artistes et d’intellectuels, ça sonne un peu prétentieux, mais bon, il faut dire ce qui est, on était de sacrées lumières… 

Roger(S) : Oui, tu devais être une sacrée tête à l'école...

François-Marie : Dès mon plus jeune âge j’ai été formé par les jésuites au collège Louis-le-Grand. Pas hyper fun comme enfance mais au moins j’ai eu la chance d’acquérir les bases d’un enseignement solide et de qualité. Après mes années avec les jésuites j’entre en fac de droit mais comme vous le savez sans doute, j’ai fini par me tourner vers la littérature. 

Roger(S) : Justement, ça donnait quoi ton début de carrière ? Raconte-nous un peu.

François-Marie : J'ai commencé à fréquenter les salons littéraires et j’ai un peu basculé dans le milieu libertin, j’avoue… Mon tout début de carrière était assez fantasque, disons que je m’amusais beaucoup. J’ai commencé par l’écriture de petites satires, c’est d’ailleurs celles-ci qui m’ont envoyé en prison. Après ça j’ai compris que se moquer du Régent c’était une mauvaise idée… Mais d’un côté la prison m’a offert du temps et pour un écrivain ça n’a pas de prix. J’ai donc eu le temps d’écrire une de mes plus belles histoires, Œdipe, en 1717. Apparemment cette première sentence ne m’aura pas servi de leçon tant que ça puisque je suis retourné à la Bastille en 1726 après une bagarre avec le chevalier Rohan… La honte. Après j’ai été exilé… en Angleterre.

Roger(S) : Dis donc, quel parcours agité ! Un vrai "bad boy". Tu t'es quand même fait des amis entre deux séjours en prison ? 

François-Marie : Oui, et pas mal d’ennemis aussi ! Notamment Rousseau, pour lui le tremblement de terre de Lisbonne était dû aux Hommes, pour moi c'était la volonté de Dieu. Nous n'avons jamais réussi à passer ce désaccord. Mais j'ai aussi fait de belles rencontres lors de mes passages dans les salons littéraires. Je m'y suis lié d’amitié avec les philosophes Diderot et d’Alembert. De chouettes gars. Je les voyais notamment au café Procope dans le 6e. D’ailleurs, c’est là-bas qu’ils ont lancé leur idée d’Encyclopédie. 

Lors du transfert de mon corps au Panthéon, on a réalisé qu'il me manquait un pied et une dent...

Roger(S) : Sacrés boulot cette Encyclopédie... Mais tu as toi même pas mal de réussites à ton actif. A part Oedipe, quelles sont tes plus grandes fiertés ? 

François-Marie : Oh vous savez, j’en ai pas mal. Pour commencer Candide, Zadig, ou encore Dictionnaire philosophique et Traité sur la tolérance. Ces œuvres sont la manifestation et la matérialisation de qui je suis. Mon imaginaire, mes pensées, mes idées… Le fait qu’elles soient aussi populaires et appréciées me rend heureux. 

Roger(S) : C’est vrai que ton œuvre a marqué le XVIIIe siècle. Mais tu te considères comme un modèle à suivre pour les intellectuels des temps modernes ?

François-Marie : On me considère souvent comme une figure moderne de l’intellectuel, c'est vrai. Mais j’étais loin d’être parfait… Vraiment loin. J’étais clairement misogyne, homophobe, antisémite et islamophobe. J’avoue, on est sur des défauts de haute voltige là. Après c’était courant à l’époque...


Roger(S) : Oui c'est vrai, mais ça n'excuse rien... On parle de quelle époque déjà ?

François-Marie : Et bien je me suis éteint le 30 mai 1778, donc ça fait quand même un bail... Je prends le temps de réfléchir à tout ça au Panthéon depuis 1791. Enfin, j'y réfléchis plus ou moins puisque mon cerveau n'est pas avec moi...


Roger(S) : Comment ça, ton corps n'est pas entier au Panthéon ?

François-Marie : Non, pas du tout, je dirais même qu'il est loin d'être entier... Quand je meurs chez mon ami le Marquis de la Villette, celui-ci ordonne que mon coeur soit extrait de mon corps. Il rachète ma demeure tant aimée du Château de Ferney et y expose mon coeur dans mon ancienne chambre. Maintenant il est dans le plâtre de ma statue signée Houdon, exposé à la BNF. C'était une décision de Napoléon III en 1864.


Roger(S) : Sacrée histoire tout ça... Mais ça ne nous dit pas où se trouve ton cerveau...

François-Marie : Ah, mais oui, où avais-je la tête... Ben justement, c'est M. Mitouart, l'homme en charge de mon autopsie, qui l'avait conservé pour l'exposer. Ses descendants l'ont échangé à la Comédie Française contre 20 ans de places dans l'orchestre. Il est donc dans la statue de Houdon dont je vous parlais, pas le plâtre, l'original que vous pouvez toujours admirer à la Comédie Française. Oh, et tant qu'on y est, lors du transfert de mon corps au Panthéon, on a réalisé qu'il me manquait un pied et une dent. Ceux-là, j'avoue ne pas savoir où je les ai laissés traîner...


Roger(S) : Whaou, que dire... Merci pour toutes ces révélations !




Découvrez les lieux marqués par le passage de Voltaire. Vous trouverez notamment l'adresse à laquelle il a écrit Zadig


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