Saviez-vous que mettre de la luminosité dans une œuvre d’art avait pris plus de 5 000 ans ?
La représentation de la lumière a longtemps été un défi pour les artistes. Ceux-ci ont redoublé d’efforts et d’ingéniosité pour parvenir à la restituer au mieux.
En effet, dessiner un soleil avec des rayons en bâtons comme un enfant de 5 ans n’a jamais mis de la luminosité dans une œuvre. C’est bien dommage d’ailleurs car ces soleils sont notre spécialité encore aujourd’hui…
A travers l’évolution du traitement de la lumière dans l’Art, on comprend l’impact des différentes techniques et l’évolution naturelle de courant artistique en courant artistique. Allant du dessin de soleil dans l’Antiquité égyptienne à l’utilisation d’ampoule dans l’Art contemporain, en passant par le clair-obscur de la Renaissance et les touches de couleurs de l’Impressionnisme, l’évolution du traitement de la lumière dans l’Art est intimement liée aux différentes techniques employées et aux courants artistiques à la mode à l’époque.
Découvrez l’histoire de la lumière dans l’Art en 8 étapes :
Étape 1 : L’Égypte antique
Assez proche de notre soleil à bâtons, les artistes égyptiens représentaient la lumière avec des rayons lumineux vers 3000 ans avant J-C. Pour plus de subtilité, ils pouvaient également représenter Rê, dieu du Soleil, un homme avec une tête de faucon et une boule orange sur la tête. Une représentation assez métaphorique de la luminosité…
Étape 2 : L’Art byzantin
Du IVème au VIIème siècle, ne pratiquant pas encore la 3D et l’effet de profondeur, les peintres byzantins remplissaient le fond de leurs toiles de feuilles d’or. Cette technique, qui donnait certes de la luminosité, ne permettait pas de jouer avec la lumière. Elle sera employée également pendant une grande partie du Moyen-Âge jusqu’au XVème siècle.
Étape 3 : Les Primitifs flamands
A la Renaissance, au milieu du XVème siècle, les peintres commencent à représenter des paysages sur le fond de leurs toiles grâce à la découverte de la perspective Euclidienne. Mais les artistes se heurtent alors au rendu de la lumière. Problème résolu chez les Primitifs flamands. Grâce à une nouvelle technique de peinture à l’huile, Van Eyck va travailler le réalisme des détails et des ombres et apporter un renouveau au traitement de la lumière.
Étape 4 : Le Baroque
Du milieu du XVIème au XVIIIème siècle, l’Art baroque met la lumière au cœur des préoccupations des artistes. Utilisant celle-ci pour mettre un peu de « drama » avec d’importantes ombres, les artistes cherchent à susciter la passion, contrairement au calme prisé pendant la Renaissance. On retrouve ces jeux de clair-obscur chez Rembrandt, Vermeer, ou encore de La Tour. L’un des maîtres en la matière étant sans doute Caravage, qui aimante notre œil vers un point précis grâce à ses jeux d’ombres et de lumière.
Étape 5 : Le Romantisme
Si Turner est surnommé « le peintre de la lumière », ce n’est pas pour rien. Le travail de cet artiste romantique marque un véritable tournant dans le traitement de la lumière en peinture à la fin du XVIIIème siècle. Turner joue avec les couleurs et la matière pour restituer une luminosité inégalée, notamment sur ses représentations d’incendies. C’est d’ailleurs sa capacité à rendre compte de la lumière qui fera de lui un des précurseurs de l’Impressionnisme, LE mouvement de la lumière.
Étape 6 : L’Impressionnisme
A la 2ème moitié du XIXème siècle, avec l’invention des tubes de peinture permettant d’aller travailler à l’extérieur, les artistes peintres veulent faire jaillir la lumière sur leurs toiles. C’est la naissance de l’Art moderne et l’avènement de l’Impressionnisme avec ses traits de pinceau apparents et ses scènes de vie furtives. S’inspirant de Turner, Monet devient obsédé par la lumière. Bon, on doit bien avouer qu’il s’en sort plutôt pas mal…
Étape 7 : Le Pointillisme
L’artiste Seurat, passionné de sciences, introduit la Théorie des Couleurs dans ses toiles dans les années 1880. Il obtient ainsi des toiles d’une luminosité incroyable en entourant chaque couleur de sa couleur complémentaire. Incompris par les impressionnistes, il fonde ainsi le Post-impressionnisme, ou Pointillisme, qui consiste à appliquer des touches de couleurs pures sans les flouter. Finalement c’est notre œil qui fait le boulot…
Étape 8 : L’Art contemporain
Depuis les années 1950, rendre compte de la luminosité n’est plus vraiment un problème. En effet, la lumière est devenue un matériau à part entière. On la retrouve ainsi sous forme de néon chez Dan Flavin, Jean-Michel Alberola, Bruce Nauman, François Morellet, Joseph Kosuth ou Lucio Fontana… Impossible de mieux rendre compte de la lumière qu’avec une lampe…
Copyrights :
Représentation du dieu Aton, Égypte antique
Mosaïque des Comnène, Sainte-Sophie à Istanbul
Jan van Eyck, Les Époux Arnolfini, 1434 - National Gallery, Londres - Wikipédia
Georges de La Tour, La Madeleine à la veilleuse - Paris, musée du Louvre - RMN / Gérard Blot
Johannes Vermeer, Femme à la balance, vers 1664 - Washington, National Gallery of Art, Widener Collection - Washington, National Gallery of Art
Salome avec la tête de Saint Jean-Baptiste, 1609, Le Caravage - Domaine Public/Wikimedia Commons
William Turner, L'incendie de la chambre des lords et des communes, 1835 - Philadelphia Museum of Art
Claude Monet, Nymphéas, 1908 - Coll. musée de Vernon - Wikimedia Commons / MPKopf / Claude Monet
La Seine à la grande Jatte, Georges Seurat, 1888 – tous droits réservés
Untitled, 1970, Dan Flavin - Photo Stephen Flavin - ARS NEw York - courtesy galerie David Zwirner
Jean-Michel Alberola, Rien, 1995 – Fondation Cartier pour l’Art contemporain
L'avalanche, 2006, François Morellet – Adagp Paris 2018 – Fondation Louis Vuitton – Marc Domage
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